Date de début : septembre 2023 Durée : 12 Mois Type: Recherche
Les carences en micronutriments restent une forme persistante de malnutrition, en particulier chez les femmes enceintes, mettant en péril le développement de l’enfant.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande depuis longtemps la supplémentation en fer et en acide folique pendant la grossesse, ainsi que l’utilisation de poudres de micronutriments enrichies en fer pour les aliments de complément des nourrissons (6 à 23 mois) et des enfants (2 à 12 ans). Ces programmes ont démontré des effets positifs.
En revanche, les preuves concernant la supplémentation prénatale en micronutriments multiples (MMN) restent limitées, et leurs effets à long terme sont incertains. L’OMS recommande leur utilisation uniquement lorsqu’elle est soutenue par des recherches rigoureuses et adaptées au contexte.
Cette revue systématique évalue les données existantes sur les impacts à long terme de la supplémentation en MMN pendant la grossesse, l’allaitement et la petite enfance sur le développement cognitif des enfants.
L’analyse de 10 publications couvrant 11 interventions a révélé peu de preuves d’effets significatifs à long terme, soulignant ainsi le besoin d’études plus approfondies.
La Nutrition Research Facility (NRF) a mené une série de consultations avec des décideurs des États membres de l’UE, des pays partenaires de l’UE, des délégations de l’UE dans ces pays ainsi qu’avec la Commission européenne pour identifier leurs préoccupations en matière de nutrition dans les contextes de développement. Cette probélamtique a émergé d’un atelier de consultation avec des parties prenantes en Asie.
Une recherche bibliographique a permis d’identifier 8 815 références, qui ont été examinées selon des critères d’inclusion stricts, aboutissant à la sélection de dix publications couvrant onze interventions. Ces interventions comprenaient des essais contrôlés randomisés ou des essais contrôlés randomisés en grappes. Elles ont été menées dans six pays (Népal, Pakistan, Indonésie, Chine, Tanzanie et Pérou) et ont évalué le développement cognitif, moteur et comportemental des enfants âgés de 4 à 14 ans à l’aide de tests spécifiques ou de combinaisons de tests. Sur ces onze interventions, sept portaient sur la supplémentation maternelle, trois sur la supplémentation pendant la petite enfance, et une couvrait les deux périodes. La qualité des études a été évaluée à l’aide de l’outil Cochrane Risk of Bias, classant sept études comme présentant un "faible risque", trois comme ayant "quelques préoccupations" et une comme étant de "mauvaise qualité".
La revue n’a trouvé aucune preuve cohérente d’effets significatifs à long terme de la supplémentation en micronutriments multiples sur le développement cognitif des enfants. Parmi les 36 tests de développement cognitif réalisés, 27 n’ont montré aucun effet significatif, trois ont rapporté des résultats positifs et six ont indiqué des effets négatifs. Il est à noter que l’ensemble des résultats négatifs proviennent de trois interventions menées au Népal par une même équipe de recherche, pour lesquelles l’outil Cochrane Risk of Bias indique des risques de biais.
Des avancées méthodologiques et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l’impact à long terme de la supplémentation en micronutriments multiples chez les mères et les enfants sur les capacités cognitives de l’enfant. En attendant, la mise à jour des recommandations de l’OMS en 2020 concernant la supplémentation en micronutriments pendant la grossesse reste la ligne directrice à suivre.
Des recherches complémentaires sont nécessaires pour confirmer les bénéfices potentiels de la supplémentation en micronutriments multiples et son impact à long terme sur le développement cognitif des enfants. Les études futures devraient améliorer les outils d’évaluation, intégrer les facteurs liés aux soins et à l’éducation, cibler les populations souffrant de carences nutritionnelles et explorer des solutions durables comme l’enrichissement des aliments locaux afin de concevoir des interventions plus efficaces.
Cette recherche souligne l’importance d’interventions fondées sur des preuves pour améliorer la santé maternelle et infantile, en particulier dans les populations vulnérables, ce qui s’inscrit dans la stratégie "Global Gateway" de l’Union européenne.
Contact principal : Souheila Abbeddou
Organisation : Ghent University
Adresse e-mail : Souheila.Abbeddou@UGent.be