Date de début : janvier 2022 Durée : 36 Mois Type: Recherche
Cette étude porte sur les activités politiques d’entreprise (APEs) des fabricants d’aliments ultra-transformés (AUT) au Sénégal, en se concentrant sur la réglementation des bouillons alimentaires, un produit à forte teneur en sodium largement consommé et associé à la prévalence élevée d’hypertension au sein de la population. L’objectif est de comprendre comment le processus de réglementation a évolué et comment les données scientifiques influencent les politiques. L’étude vise également à formuler des recommandations pour faciliter l’élaboration de politiques publiques en matière de nutrition, fondées sur des preuves scientifiques.
La “Nutrition Research Facility” (NRF) a mené une série de consultations auprès des décideurs des États membres de l’UE, des pays partenaires de l’UE, des Délégations de l’UE dans les pays partenaires et au sein de la Commission européenne, afin d’identifier les préoccupations actuelles relatives à la nutrition dans les contextes de développement. La question abordée provient d’un atelier de consultation axé sur les pays africains (NRF, 2022).
Le travail de terrain a été réalisé à Dakar (Sénégal) sur une période de trois mois (septembre – novembre 2023). La collecte de données a inclus :
Les données ont été analysées à l’aide d’un cadre d’analyse des APE et d’une méthodologie de traçage des processus (process-tracing) afin de cartographier les processus politiques, les dynamiques entre les parties prenantes et l’utilisation des données scientifiques.
L’étude met en évidence de fortes tensions entre les intérêts économiques des fabricants industriels de bouillons et les priorités de santé publique au Sénégal. La gouvernance, assurée par les ministères de l’Industrie et du Commerce, relègue le ministère de la Santé au second plan et demeure fragmentée, tandis que les industriels déploient des stratégies d’influence (lobbying, mobilisation juridique et arguments scientifiques) pour affaiblir la réglementation. La société civile, bien que présente, peine à faire entendre sa voix en raison de ressources limitées. De plus, la faiblesse des capacités de recherche nationale et la dépendance vis-à-vis de laboratoires étrangers compromettent la souveraineté des politiques de nutrition.
L’étude souligne la nécessité de renforcer le rôle du ministère de la Santé dans la régulation des aliments ultra-transformés, de mettre en place des cadres réglementaires solides et indépendants, et de promouvoir la transparence via des consultations inclusives avec les différentes parties prenantes. Le renforcement des capacités nationales de recherche est essentiel pour réduire la dépendance à l’égard des laboratoires étrangers et garantir la souveraineté des politiques. Soutenir les PME locales afin de développer des alternatives plus saines aux bouillons industriels et lancer de vastes campagnes de sensibilisation sur les risques d’une consommation excessive de sodium constituent également des mesures essentielles pour concilier priorités de santé publique et considérations économiques et culturelles.
En abordant la question de la réglementation des aliments ultra-transformés, notamment les bouillons au Sénégal, l’étude met en lumière des enjeux cruciaux à l’intersection de la santé publique, du développement économique et de la gouvernance. Les conclusions de l’étude contribuent à la résolution de défis mondiaux, tels que les maladies non transmissibles et la malnutrition, tout en promouvant une croissance économique équitable et en préservant les priorités culturelles et de santé publique.
Contact principal : Amélie Wood
Organisation : CIRAD
Adresse e-mail : amelie.v.wood@protonmail.com
Laboratoire de Recherche sur les Transformation Économiques et Sociales - LARTES-IFAN - Université Cheikh Anta Diop de Dakar